Les dangers naturels pour les cultures de caféier
Avec une consommation mondiale du café de spécialité toujours grandissante, la production doit suivre le rythme. Mais une culture intensive est souvent synonyme d’épidémies par manque de diversité génétique. La mondialisation, les échanges de plants et semences ont également favorisé la transmission de maladies entre les différentes zones géographiques de culture des caféiers. De plus, le changement climatique favorise les changements météorologiques et environnementaux. Ceux-ci entraînent un développement accéléré des parasites, champignons et insectes qui trouvent, dans les cultures de caféiers, un écosystème parfait pour se développer.
Les ravageurs des caféiers
La catégorie des ravageurs regroupe tous les insectes qui se nourrissent d’une partie ou d’une autre du caféier. Il existe trois grands prédateurs qui à eux seuls causent énormément de dommage aux cultures, chaque année, partout dans le monde.
- Le scolyte du caféier : Cet insecte est originaire d’Afrique centrale. Il est noir et brillant avec une taille comprise entre 1 et 1,8 mm en moyenne. Les femelles scolytes attaquent les cerises en y creusant des tunnels pour pouvoir y pondre leurs œufs. Elles peuvent pondre entre 2 et 3 œufs par jour pendant 20 jours. Si les œufs sont pondus au début du développement de la cerise, celle-ci va simplement tomber et ne pas être récoltée. Cependant, si la ponte a lieu à un stade plus tardif du développement de la cerise, celle-ci va continuer à mûrir tout en continuant d’héberger, involontairement, les insectes. Elle peut même être récoltée et les producteurs industriels ou ceux ne portant pas suffisamment attention à la récolte peuvent laisser passer ces grains de couleur plus claire et de moindres qualité. Une fois les œufs éclos, ceux-ci se nourrissent de la cerise et vont à leurs tours aller attaquer d’autres cerises, poursuivant ainsi le cycle de propagation de ces insectes. Il existe plusieurs produits chimiques et insecticides qui visent ce problème. Cependant, dans un effort de garder leurs appellations biologiques et de préserver la biodiversité locale et surtout dans un contexte d’urgence climatiques, certains producteurs se tournent vers des solutions plus biologiques. Il est donc possible de traiter le problème en introduisant, en quantité contrôlée, des prédateurs naturels du scolyte du caféier mais qui sont eux-mêmes inoffensifs pour la plante tels des oiseaux ou des guêpes.
- Cochenille des racines : Cet insecte est très similaire aux pucerons que nous pouvons retrouver en France sur d’autres plantes moins exotiques que le caféier. Comme son nom l’indique, la cochenille s’attaque aux racines de l’arbre pour y boire la sève et en cas de fortes présences de la cochenille, cela peut affaiblir l’arbre et le rendre plus fragile face aux maladies. Sa position souterraine le rend difficilement repérable. Heureusement, une façon de les repérer est par la relation symbiotique qu’elles entretiennent avec les fourmis. À l’instar des pucerons qui sont élevés et nourrissent les fourmis de leurs miellat en échange d’une protection contre les prédateurs de ceux-ci, les cochenilles effectuent le même genre de mutualisme. Il est donc possible de repérer la présence de cochenilles sur les racines en remarquant la présence d’une colonie de fourmie. La localisation souterraine de la cochenille empêchent donc l’emploi des prédateurs naturels tels les coccinelles que l’on emploie contre les pucerons. Il faut donc avoir recours aux produits chimiques pour traiter ce problème et éviter qu’il ne prenne trop d’ampleur. Les recherches montrent, pour l’instant, que la contamination se fait par l’introduction d’un plant déjà parasité lors du repiquage de la pépinière vers la zone de culture. Il est donc important de regarder l’état des racines avant de replanter un caféier.
- Mineuse de café : C’est un petit papillon de nuit qui est cette fois la source des problèmes pour les producteurs de café. Originaire d’Amérique du Sud, on le retrouve maintenant dans toutes les régions productrices du monde. Il s’attaque à la feuille pour y pondre ses œufs qui s’y développeront. Le développement des larves endommage le tissu foliaire et si les papillons sont présents en grand nombre sur le même arbre, ils peuvent abîmer le feuillage complet et ainsi diminuer la capacité de photosynthèse de la plante la rendant plus sensible aux maladies et diminuant sa production de cerises de café. La mineuse de café est principalement active durant l’été et sa prolifération diminue énormément durant la saison des pluies. Afin de se protéger de ces papillons de nuit, il est possible de maintenir une pratique agroforestière équilibrée qui conservera une température plus faible sur la plantation.
Ces trois ravageurs ne sont pas les seuls à sévir sur les plantations de café du monde entier. Ce ne sont pas les seuls à mettre en péril les cultures de certains producteurs car il existe pleins d’autres insectes qui se nourrissent et abîment les caféiers mais ceux-ci sont plus géographiquement limités. Et dans les cas les plus extrêmes, où ces insectes sont présents en trop grande quantité, ils peuvent causer la ruine d’un agriculteur. L’usage trop fréquent des insecticides peuvent créer une certaine forme de résistance de la part des ravageurs. C’est pourquoi il est important de privilégier les solutions biologiques comme les prédateurs naturels ou une gestion plus équilibrée et diversifiée de la plantation comme l’intégration de plantes aux propriétés insectifuges (citronnelle, lavande, menthe, basilic, tanaisie, mélisse, etc).
Les maladies des caféiers
De façon générale, les caféiers arabica sont plus sensibles aux maladies que les robusta. Les plantations qui n’utilisent que de l’arabica comme c’est le cas en Colombie ou en Ethiopie par exemple, doivent donc faire beaucoup plus attention à la protection des plantes. Cette attention supplémentaire et les soins que demandent les plants d’arabica sont une des raisons qui explique le prix plus élevé des cafés de spécialité arabica comparé aux prix des cafés robusta. On recense de nombreuses maladies de nos jours répartis un peu partout dans le monde. Cependant, trois grandes maladies ravagent les cultures du monde entier à tel point que nous pourrions les qualifier d’épidémies.
- La rouille du caféier : C’est la maladie la plus fréquente qu’il existe. Elle est causée par un champignon qui vient s’attaquer aux feuilles de l’arbre. Son nom est dû aux premiers effets qu’a le champignon sur les feuilles contaminées. Celles-ci vont se couvrir de tâche aux teintes jaunes puis marrons, donnant l’impression que la feuille est en train de rouiller petit à petit. Cette maladie a pour effet de diminuer la production du nombre de cerise sur l’arbre mais également d’affecter la maturation des fruits. Des fruits qui ne mûrissent pas tous aux mêmes rythmes rallongent la période de récolte des cerises de café et entraînent donc des coûts supplémentaires en plus de pouvoir causer un retard dans les livraisons et donc les revenus du producteur local. La maladie se propage encore plus rapidement dans les climats chauds, problème qui est donc accru par le changement climatique. Les champignons se transmettent par la libération des spores, qui profitent des vents parfois transocéanique pour contaminer les différentes régions du monde. Il n’existe, malheureusement, pas vraiment de solution naturelle à ce problème et seuls les fongicides chimiques se montrent efficaces.
- Tâche américaine du caféier : Cette maladie provoquée par un champignon se développe principalement dans les plantations situées à plus de 700 mètres d’altitude. L’apparition de ce champignon est favorisée par un trop plein d’ombre et un taux d’humidité élevée. Cette maladie s’attaque à l’ensemble de la plante en touchant les branches, les feuilles et les fruits du caféier. Elle se manifeste par l’apparition de taches rondes et brunes foncées un peu partout. Avec le temps, la plante finit par perdre un nombre important de feuilles ce qui affecte sa capacité de photosynthèse et finit par baisser sa production de fruit voire dans les cas les plus extrêmes peut tuer l’arbre. Afin de se prévenir de ce champignon , il est important de maintenir un niveau d’ombre et d’humidité équilibré. Mais dans le cas où il serait trop tard et qu’un grand nombre de plantes sont affectées, la solution la plus efficace reste les produits chimiques.
- Maladie des baies de café : Cette maladie touche principalement les plants d’arabica. Un pays cultivant donc les deux principales variétés de café (arabica et robusta) comme le Brésil est donc plus apte à mieux réagir face à une épidémie touchant une seule variété car la production de l’autre pourrait prendre le dessus le temps de traiter le problème. Malgré son nom, la maladie des baies de café touche plus que les fruits du caféier. Elle touche également les tiges et les feuilles de l’arbre en plus des baies vertes. Dans les stades les plus avancés de la maladie, la cerise va se dessécher complètement et devenir sombre, la rendant inutilisable dans la production de café. Son développement est favorisé par le manque de fertilisation des sols et un manque d’humidité. Pour se prémunir contre cette maladie, il est important d’apporter un équilibre des nutriments dans le sol en ajoutant suffisamment de matière organique et de n’utiliser les engrais chimiques qu’en cas de réel nécessitée. Dans le cas où la maladie se serait déclarée en grande quantité, la solution est de traiter directement avec des fongicides.
Avec la multiplication des plantations à grande échelle, la standardisation des goûts et attentes des consommateurs, les maladies sont de plus en plus fréquentes. L’augmentation des traitements fait que les ravageurs et champignons deviennent de plus en plus résistants aux traitements chimiques. C’est pour ces raisons que les scientifiques cherchent à mettre au point des variétés hybrides afin de limiter les pertes financières chaque année et de diminuer le nombre de traitements nécessaires à la culture du café. Il est donc possible que nous puissions un jour voir une épidémie effacer complètement une variété spécifique des grosses productions mondiales et en voir une nouvelle la remplacer nous faisant découvrir de nouvelles saveurs et arômes par la même occasion.