L’Éthiopie, berceau de l’humanité, est aussi celui du café Arabica. Nous relevons en effet la trace des premiers caféiers sauvages Arabica à l’ouest de la faille tectonique de la vallée du Rift, dans les forêts tropicales humides montagnardes, entre 100 et 3 000 m d’altitude. Ils sont désormais répertoriés comme la variété Typica.

Il est difficile en revanche de dater précisément leur apparition. Elle remonterait à 100 000 à 200 000 ans. Les contes et les fables sont nombreux sur la découverte de l’utilisation de ce breuvage et de ses bienfaits. D’abord consommé sous différentes formes en Éthiopie par les paysans et les bergers, le café se diffuse au Yémen vers le VII ou VIIIe siècle, fort apprécié par les communautés soufies comme stimulant facilitant l’accomplissement d’exercices pieux.

Mais ce n’est qu’au XVe siècle que la consommation de café se généralise et qu’il est mis en culture dans ce pays. Les Arabes sont les premiers à diffuser le breuvage et donnent l’appellation Arabica aux grains venus des territoires yéménites et d’Éthiopie. Le Yémen, et notamment le port de Moka, devient le premier producteur et exportateur de café. C’est là-bas que la fabuleuse épopée du café commence. Les pèlerins de retour de La Mecque introduisent le café en Perse, puis dans tout l’empire Ottoman : Égypte, Afrique du Nord, Syrie, et bien sûr la Turquie. Les premières maisons de café s’ouvrent au Caire et à Constantinople.

C’est au XVIe siècle que l’Europe succombe aux charmes de cette boisson, d’abord en Italie, puis aux Pays-Bas, en Angleterre et en France via le port de Marseille. Le café rencontre un vif succès dans l’Hexagone et sa consommation devient une mode à Paris. Il compte désormais parmi les cargaisons d’épices et autres produits d’Orient des grandes compagnies maritimes européennes et constitue un réel enjeu économique à la fin du XVIe siècle. La demande touche toute l’Europe et l’Amérique, et l’offre est insuffisante.
Dès lors, la culture du café va s’internationaliser. C’est le temps des conquêtes coloniales et de l’esclavage : les nouvelles terres vierges sont nombreuses et la main-d’œuvre inépuisable et peu coûteuse.

Les Européens vont introduire la culture du café dans leurs nouvelles possessions au même titre que le coton ou la canne à sucre : les Hollandais à Ceylan, puis en Indonésie, les Français en Martinique, en Guadeloupe et sur l’île Bourbon, les Portugais au Brésil, les Anglais en Jamaïque puis les Espagnols en Amérique du Sud et en Amérique centrale. Plus tard, les Français développeront la culture du Coffea robusta en Afrique de l’Ouest, au détriment de nos palais !

Si le café est chargé d’histoire, il en est de même pour le mot café en lui même qui est porteur d’histoires.